C’est une évidence que dans les hôpitaux français, les conditions de travail se sont dégradées : burn-out, stress, démotivation des équipes, plannings surchargés, sont des éléments qui nuisent à la QVT du personnel soignant. Un documentaire diffusé par la chaîne franco-allemande Arte cette semaine, met en évidence la nécessite de développer des démarches de qualité de vie au travail au sein des centres hospitaliers.
« Le réalisateur Jérôme le Maire a passé deux années au sein de la très réputée unité chirurgicale de l’hôpital Saint-Louis, l’un des grands établissements parisiens. Pendant un an, sans filmer, il s’est familiarisé avec l’ensemble du personnel qui travaille à flux tendu dans les quatorze salles d’opération du bloc, chacune accueillant huit à dix interventions par jour au fil d’une organisation très complexe. Il a ensuite tourné seul, toute une année, au cœur de ce collectif professionnel chevronné, qui tient chaque jour entre ses mains la vie et la mort des patients. D’une intervention qui voit fuser les noms d’oiseaux à des réunions de crise où se déversent des doléances concurrentes, il capte un mal-être général qui, des aides-soignantes aux chirurgiens, « déborde, déborde, déborde », comme le planning que les gestionnaires du service n’ont de cesse de vouloir optimiser. » C’est avec ces mots que le documentaire Dans le ventre de l’hôpital est présenté sur le site de Arte.
Chirurgiens, anesthésistes, infirmiers et aides-soignants s’interrogent, tout au long du film, sur le sens de leur profession et les conditions d’exercice de leur métier. Comme le dit très bien l’un des chirurgiens : “Se préoccuper du bien-être au travail est un enjeu capital. Si les gens ne sont pas heureux, voire s’ils sont mal, ils font moins bien leur boulot, et la qualité des soins dispensés aux malades risque d’en pâtir. »
Effectivement, quand les salariés se sentent utiles au sein de l’organisation et disposent des moyens nécessaires pour atteindre les objectifs assignés, l’efficacité collective augmente et par conséquent la performance des soins s’améliore. Mais comment faire pour qu’un salarié se sente utile si la dégradation des conditions de travail s’aggrave constamment et que le personnel en souffre de plus en plus ?
Le travail déshumanisé
Nombreuses difficultés et changements frappent actuellement les hôpitaux : tout doit être rentable, tout doit être productif, tout doit être efficient. En conséquence, des termes comme « optimisation », « obligation de résultat », « perte de sens » se manifestent en permanence tout au long du documentaire.
Pour améliorer la qualité de vie au travail, il est essentiel de mettre ou remettre les personnes au centre de nos préoccupations. Mais où se situe alors la place de l’humain dans ce « rouleau compresseur » ?
Au cours de nos nombreuses prestations tant en médiation qu’en conseil et mise en œuvre du QRS® (Label de Qualité des Relations Sociales), nous avons pu constater que pour mener à terme une démarche d’amélioration de la qualité de vie au travail, il est nécessaire d’impliquer l’ensemble des collaborateurs. Et la meilleure façon de le faire est de leur laisser trouver eux-mêmes les solutions à leurs propres problématiques.
Malgré la complexité des dysfonctionnements du système de travail des hôpitaux, le fait de créer un cadre optimal d’échange et d’écoute va non seulement permettre de trouver des solutions adaptées, mais aussi de créer des dynamiques communicationnelles entre les différentes équipes ou services d’une organisation.
C’est aussi l’acceptation de se remettre en cause et de vouloir travailler ensemble autrement, avec l’humilité de reconnaître nos faiblesses et la légitimité des points de vue de notre entourage, et ainsi aller plus sereinement vers la résolution des conflits.